Un devoir de mémoire

Ce blog regroupe tout le travail et tous les documents de notre enquête sur le soldat "Biau Louis".

Les élèves de St Félix de Sorgues

Autres lettres de Louis et de Louise (Berthe)

Saint Félix de Sorgues 12.09.14

Bien cher papanou
Ce soir je viens de recevoir ta lettre, on est content de savoir comment çà marche et on est un peu plus tranquille de te sentir là et surtout de voir que tu vas mieux. J’avais été contrariée de te savoir malade, mais il faut espérer que çà ne sera rien. Moi aussi je vais mieux, quoique je sois fatiguée. Pour le travail, je ne travaille pas beaucoup car la farine a augmenté et tous les frais !!!!, ce qui fait que je fais le travail de Saint Félix, Nonenque et Latour, 4 balles par semaine, car la jument je ne crois pas qu’elle puisse remarcher et le mulet comme je te l’ai dit, je l’ai donné pour un mois que j’aurai de quitte et sans travail, surtout qu’il sera bien soigné, et d’ici là qui sait ce qui se sera passé. Ce soir je viens de recevoir une lettre de Paillès pour me demander des fonds comme je le lui avais promis, mais je t’écoute, mais malheureusement on ne peut guère en faire rentrer, à La Veyrière je le lui dis bien assez, mais c’est inutile on ne peut rien en tirer, ainsi que Privat.
La petite Adriennette fait amuser Zisette, elles sont bien gentilles et le petit Robert aussi, ils leur tardent tant de te revoir, surtout Robert, il prend un air triste presque à pleurer. Cher Louis, comme il nous tarde à tous et prions Dieu que çà puisse finir bientôt, pour se revoir tous et que nous serons heureux plus tard espérons le.
Je termine en te redisant toutes mes caresses, de ta petite famille qui t’aime tant et de moi, mon plus doux baiser. Ta femme qui t’aime beaucoup.
Berthe Biau
PS : Demain je t’écrirai encore, et surtout réponds moi car on est malheureux quand on n’a pas de nouvelles.






Carte du 17.09.14
Chère Berthe. Je t’écris encore aujourd’hui . Je me porte très bien. Fais ton possible pour conserver ta santé, et aussi ne t’effraie pas si je ne t’écris pas de quelques jours, ce n’est pas très commode. Je ne peux pas te dire où je suis, c’est défendu. Embrasses bien les petits pour moi. Je t’envoie ma meilleure caresse, écris moi à Villefranche à la même adresse, écris moi souvent.


Saint Félix de Sorgues 24.09.14



Ceci est tiré des mémoires du fils de Louis.



Tout allait à peu près, lorsque soudain, l’orage éclate sur l’Europe, c’était la guerre nous étions en Août 1914 et mon père partit le premier du village. Nous ne devions plus le revoir. Il fut tué au Bois de Cheppy, par une balle qui lui ouvrit l’artère fémorale et mourut ainsi vidé de son sang, début septembre 1914 : il avait 27 ans. J’étais orphelin.
Ma mère resta longtemps sans lettre et sans nouvelles officielles, mais elle espérait toujours. Hélas la terrible nouvelle finit par arriver, ce fut la consternation et tout le monde en pleurs, pensez donc trois jeunes enfants à faire venir, un métier qu’il fallut continuer et des dettes à payer. Les personnes riches de l’époque aidèrent ma mère, car si nous avons toujours mangé à notre faim, nous étions revêtus des habits et chaussures (des sabots) des enfants riches et nous couchions sur des paillasses de paille.
Après bien des larmes, la vie reprit le dessus et, les années passant, un beau jour le 11 novembre 1918 arriva. Dans le village ce fut de la joie et du délire, chez nous comme dans d’autres foyers on pleurait un père qui n’était pas revenu

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